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  • : Nankin en douce
  • : Des mini reportages sur la vie et les gens de la "capitale du sud". En marges de l'actualité brûlante pour faire découvrir une Chine tantôt drôle, tantôt poignante.
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13 mars 2006 1 13 /03 /mars /2006 00:00

Des milliers de personnes se sont dirigées, en ma compagnie, vers le lieu de la parade du nouvel an. Je ne voulais pas manquer la parade, même si une voix intérieure me disait que cela me ferait de la peine.

Je suivais le flot de Chinois sur les passerelles. Nous traversions des immeubles, des banques, des centres commerciaux. Au milieu d’une passerelle, je me suis arrêté pour regarder une jolie tour, en face de moi. Combien faudrait-il de temps pour y entrer ? Je jetais un œil sur les passerelles, à droite et à gauche, qui survolaient les rues. A vol d’oiseau, quinze à trente secondes seraient suffisantes, à pied sur les passerelles, il faudrait compter une petite heure. A hauteur des voitures, la difficulté de traverser les rues rendrait la tour quasiment inaccessible.

Dans un centre commercial, je pus me rendre compte que les Chinois étaient aussi perdus que moi. Des groupes empruntaient des escaliers un peu au hasard. Je suivais tel groupe, puis tel autre, sans succès. Il arriva que je n’eus plus aucune idée de la manière de m’y prendre pour sortir de cette tour où je déambulais, longeant les boutiques closes. Nous étions tous dans la même situation. Les groupes égarés demandaient le chemin à d’autres groupes égarés. On tournait tous en rond, là était la vérité.

Quand je parvins à m’extirper de la tour, la parade allait démarrer. Je m’engageai dans le flot d’une foule qui me semblait la plus déterminée. J’aime que les gens soient résolus, cela rassure mon côté cartésien, caché au fond de moi. C’est donc avec résolution que nous prîmes place derrière des barrières, et que nous attendîmes. Les mouvements de populations ne cessaient jamais, certains s’éloignaient de nous, d’autres nous rejoignaient dans une calme confusion. Moi aussi je changeais de rues et de barrières, jusqu’à ce que je comprenne que le défilé ne passerait pas par les rues où j’attendais. Les barrières avaient dû être posées là pour faire diversion. Les membres du service d’ordre faisaient la circulation dans l’intention manifeste de maintenir la foule dans un mouvement continu, d’éviter les caillots et les frustrations de spectateurs amers d’entendre la musique du défilé sans en voir le moindre costume.

Fatigué, je m’assis sur un trottoir et lus quelques articles d’un journal qui traînait là. Il y avait des photos du défilé, prises la veille, lors d’une répétition. Je décidai de ne plus lutter contre la fatalité, et m’engageai sur une passerelle dont j’espérais seulement qu’elle me mène vers mon Ferry. Elle ne le fit pas, mais elle m’offrit une vue partielle d’un groupe, à l’effigie de Disneyland, qui prenait sa part à la fête hongkongaise.

 

 

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28 février 2006 2 28 /02 /février /2006 00:00

Des milliers de Philippines étaient rassemblées sur Statue Square, le jour du passage à l’année du chien. Elles étaient venues assister au spectacle d’une de leur star nationale, un homme à la veste rose, au pantalon blanc, qui leur racontaient des blagues sur une scène. Elles le regardaient avec de la lumière dans les yeux, il devait être leur équivalent de Johnny Halliday, sauf qu’il ne chantait pas, qu’il parlait et que les femmes riaient, alors je pensais qu’il pouvait être un comique célèbre, un comique de charme pour femmes seules, un peu leur équivalent de Fernandel.

Pour moi, naturellement, le spectacle était surtout dans le public. Toutes ces femmes, entre vingt et quarante ans, en train de sourire, les mains jointes, je me croyais rendu au Paradis.

Parfois, des occidentaux passaient dans la foule, ils dépassaient d’une ou deux têtes la masse des chevelures noires et lisses.

                                                 

N’étant pas complètement stupide, je devinai que l’homme était en fait un prêcheur, une superstar de la parole religieuse, qui parlait tantôt en anglais, tantôt en philippin. Ils leur parlait de Dieu et de ce que Dieu voulait. Il parlait de ce que ces femmes voulaient entendre parler : espérance en une vie meilleure, amour de soi-même et amour du prochain, prospérité sur terre et béatification, émigration au Canada et pays natal, tout y passait. Il recommandait aux femmes de prendre conscience de la beauté de la vie et de clamer « Dieu que c’est beau ! » Il rythmait son discours de cette exclamation : « It’s beautiful ! » que les femmes disaient en même temps que lui, toutes frémissantes et pendues à ses lèvres. Il leur recommandait de se sourire dans un miroir, le matin, afin d’avoir affaire à une gentille personne au moins une fois par jour. Puis il faisait varier les exclamations de : « It’s beautiful ! » vers : « I’m beautiful » et les femmes riaient en joignant les mains. Il leur disait qu’elles méritaient la prospérité ici et maintenant, que Dieu voulait qu’elles possédassent de belles bagnoles et de belles maisons. Il leur disait que si elles buvaient un verre de temps en temps, « pour vous sentir un peu (mot philippin imprononçable) », il ne fallait pas qu’elles se culpabilisent. Il parlait de robes, de boyfriends, et témoignait d’un esprit libéral qui faisait se trémousser toutes ces belles créatures, ferventes sans bigoterie.

Deux femmes portaient une pancarte qui souhaitait la bienvenue au prédicateur par ces mots :

WELCOME Bro MIKE

 

EL SHADDAI SALAMAT

 

SA TAGUMPAY

 

METRO MLA.GRP

 

 

                                                           

Tout incroyant qu’il peut être, le voyageur ne pouvait quitter ce lieu plein de joie et de beauté physique. De tous côtés, de jolis visages. Il nageait dans une mer de sourires radieux. On aurait dit qu’elles étaient toutes sœurs, ou demi-sœurs, trois mille filles venues fêter un anniversaire ou venues célébrer l’amour de leur père charismatique et polygame.

Je m’éloignais du côté de la banque de Shanghai, construite par Sir Norman Foster, mais le chemin était rempli de Philippines, assises sur des nappes, des morceaux de cartons, et discutaient, ou pic niquaient. Au-delà de l’onde sonore des paroles de Brother Mike, les Philippines continuaient leur sauterie. Elles étaient toutes descendues des belles maisons, sur a montagne, où elles sont employées, pour envahir le centre ville de leur présence chaleureuse. Plus loin, c’est tout le hall de la Banque de Shanghai qu’elles ont pris d’assaut. Ont –elles choisi ce lieu pour ce qu’il offre de protection contre le soleil et la pluie, ou pour ce qu’il symbolise de bonheur terrestre et matériel ? Je ne fais aucune interview, je regarde et me perds dans cette houle de femmes seules qui font des concours de chansons, qui brodent, qui lisent des romans à l’eau de rose. Elles ôtent leurs chaussures et elles rigolent entre copines.

                                       

Tous les week-ends, même lorsque Brother Mike ne vient pas leur rendre visite, elles occupent l’espace et le remplissent de leur espoir et de leur énergie. Ce fut une des plus belles images de l’île de Hong Kong, durant mon séjour.

 

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21 février 2006 2 21 /02 /février /2006 00:00

En me promenant dans la partie sud de Macao, je m’assois sous un banian, devant le Théâtre Dom Petrov, dont je me mets à dessiner la façade. Un joli bâtiment vert et blanc, dont l’intérieur est interdit au public.

Deux filles au sourire plein de vie me regardent et frappent à la porte du théâtre. Elles vont faire du charme au gardien et auront la possibilité de visiter l’intérieur. Moi, victime d’une concurrence déloyale, je n’aurai qu’à me consoler avec de piètres croquis de façade asymétriques. Le gardien sort, ils engagent une conversation animée mais respectueuse. Elles repèrent mon regard insistant et s’approchent de moi. La facilité de ces jeunes Philippines pour établir le contact, c’est quelque chose. Elles ne viennent pas visiter le théâtre, mais parler avec le gardien qui est le mari de l’une d’elles. Elles parlent avec un très bon anglais. Elles s’assoient sur le banc et me racontent leur vie. Elles ont une formation d’infirmière et elles sont employées comme femmes de ménage dans une grande maison de nouveaux riches chinois. Elles aiment leur métier « parce que c’est facile », et gardent le sourire pour parler des mauvais traitements que leur infligent leurs patrons, surtout la femme et la petite fille, qui leur parlent comme des moins que rien. Elles sont clairement plus et mieux éduquées que leurs employeurs et acceptent leur sort avec philosophie. Leur charme vient de leur force ; leur dentition est remarquable, elles portent leur sourire blanc comme une armure contre les difficultés de la vie. Des dents d’êtres humains qui ne se laissent pas faire.

Je retrouverai mes deux Philippines sur le même banc, le lendemain. Elles me demanderont si les patrons français sont plus gentils avec leurs bonnes, ce à quoi je n’aurai pas de réponse tranchée.

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18 février 2006 6 18 /02 /février /2006 02:27

Le Portugal a ceci de remarquable qu’il possède la langue la plus sensuelle de tout le bassin méditerranéen. Alors, quand il se mêle à la musicalité du cantonais, le pays devient enchanteur. L’accent espagnol, en revanche, me laisse froid. Peut-être est-il trop à la mode, je ne sais pas, ses roulements de « r » me charment moins que les autres. Or Karina a une voix et un accent espagnols. Au casino, où elle commence à perdre, je perds de vue qu’elle est balinaise pour lui donner une identité ibérique. Pour protester contre ma décision de rentrer à l’hôtel, elle dit : « No need to sleep eirrrrrly. » C’est charmant, je n’en disconviens pas, mais ça ne me convainc pas. C’est tout juste si cela me dépayse. Je parviens à la détacher de sa machine à sous. Elle va changer ses jetons contre de l’argent. Elle a multiplié par trois la somme que j’avais investie ; elle veut me rendre mes cinquante dollars mais je les refuse. Elle les a mérités, et puis, sans elle, je n’aurais pas connu le Sand’s. Nous nous embrassons sur l’escalier roulant qui nous ramène vers le monde terrestre.

Sur le chemin du retour, nous voyons de nombreuses prostituées, des jeunes filles habillées de jeans, généralement peu provocantes, qui abordent les passants. Ceux-ci passent et ne s’arrêtent pas, elles les suivent. Le spectacle est triste à voir. Karina me parle des prix. C’est moins cher à Macao qu’à Hong Kong, mais c’est plus cher qu’en Chine continentale. Elle me dit : « Tu ne savais pas ? Pour cent ou deux cents yuans, tu peux avoir une jolie Chinoise. » Pour frimer un peu, et pour mettre les choses au point, je lui dis que je pouvais en « avoir » sans payer, avec des conversations austères et enjouées. A bon entendeur salut ! Si elle me veut, c’est peut-être elle qui devra mettre la main à la poche.

Karina raconte des histoires qui la rendent de moins en moins fréquentables. Elle avoue à mots couverts qu’elle fait le tapin, elle aussi. Nous marchons main dans la main et les gens nous regardent avec des sourires entendus. Elle parle de passeports fréquemment volés dans notre hôtel, de ses amies africaines qui se retrouvent sans papiers à Macao, de leurs démêlés avec la justice. Elle parle de passeports falsifiés et je commence à repenser sérieusement à mes papiers et mon argent laissés à l’hôtel. Je regrette surtout de lui avoir dit le numéro de ma chambre, quelques heures plus tôt. Quel voyageur naïf je fais.

Elle va pisser dans une encoignure et m’encourage à venir en faire autant. J’imagine à présent les pires scénarios. Je vois mes affaires dévalisées, je vois Karina en train de me plumer alors que je dors. Je me promets de ne pas la laisser pénétrer dans ma chambre. Je ne l’écoute plus que d’une oreille, elle me parle de son signe astrologique chinois : « Le singe, c’est un voleur, c’est le roi des voleurs. » Deux Anglo-saxons, ivres morts, s’assoient sur un banc, sur le Largo do Senado et, en nous voyant passer, lancent à mon endroit des commentaires grossiers. Je ne leur en veux pas : s’ils sont à Macao depuis plus de quelques jours, ils ont dû voir Karina au bras de bien d’autres hommes, déjà. Elle parle de la difficulté, pour les étrangers, de trouver un travail ici. Heureusement que son père lui envoie de l’argent, depuis l’Angleterre. Elle répète qu’elle tient à faire le voyage jusqu’à Londres pour ramener son père à la foi musulmane. Son père l’inquiète, ça ne fait pas de doute, l’âme de son père requiert beaucoup de son attention.

Dans le hall de l’hôtel, on se salue et se dit à demain. Ma chambre et mes affaires n’ont pas été touchées ; j’aimerais remercier Dieu mais je ne sais pas comment faire. Je me couche directement, sans faire de bruit, en espérant que Karina ait oublié le numéro de ma chambre. Elle l’a oublié mais il est décemment trop tôt pour elle. Elle vient dans le couloir des chambres où se trouve la mienne, et parle fort. Elle réveille le gardien de nuit qui dormait sur un banc, ils s’engueulent. J’entends les mots passeports, argent. Je fais le mort. Les murs étant minces et n’allant pas jusqu’au plafond, j’entends aussi mes voisins qui urinent dans les pots de chambre, ainsi que des bruits de secousses solitaires. Ces dernières sont certainement le résultat d’un enthousiasme causé par des rêves de voluptueux entretiens, eux-mêmes en lien direct avec les créatures que Macao offrent aux yeux des voyageurs.

Je finirai par dormir mais je serai réveillé par la voix de Karina qui téléphonera à Londres, vers quatre heures du matin, pour parler à son père. Elle le somme de lui envoyer plus d’argent, et le plus rapidement possible. Pour rendre la chose plus crédible aux oreilles de tous les clients de l’hôtel, elle mènera cette conversation braillarde en anglais.

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16 février 2006 4 16 /02 /février /2006 06:40

La main d’une femme possédée

Chaussée de bottes, vêtue d’un pantalon moulant, d’une pièce de tissu sur le haut du corps, une pièce de tissu qui était pensée, par un designer local, comme dévoilant plus de poitrine que les défenseurs du Coran ont l’habitude de le tolérer, Karina m’emmène au Casino, le Sand’s. Sur le chemin, elle me demande si je suis en possession de mon passeport. La question de mon passeport, je me la suis posée, déjà. J’ai préféré le laisser à l’hôtel, pensant qu’il était plus en sécurité là-bas. Après tout, je n’ai aucune idée de l’endroit où m’amène ma nouvelle amie. Elle me reproche de ne pas l’avoir avec moi, alors qu’on ne le demande pas à l’entrée du Sand’s.

Au premier étage, une immense salle de jeux. Des Africains saluent Karina, ce sont de vieilles connaissances. J’entamerais bien une conversation avec eux, car ils ont l’air sympathique et, si ça se trouve, ils viennent du Togo et nous pourrions parler football, Zidane, Adebayor, que sais-je ? Mais la présence de Karine, son attitude séductrice m’attire vers elle.

Elle commande une boisson à base de vodka et de jus de fruit, et une bière pour moi. Son accent balinais, quand elle parle anglais, et l’accent chinois de la serveuse ne leur permettent pas de se comprendre. Le mot orange ne passe pas ; le mot vodka non plus. La serveuse lui apportera plusieurs verres, que Karina descendra consciencieusement, mais qui ne seront jamais tout à fait celui qu’elle désire. Elle s’assied à une machine à sous et me dit : « Donne-moi cent dollars. » Ce n’est pas un ordre, pas une faveur, pas une prière. C’est une affirmation, l’évidence d’un programme qu’elle connaît par cœur et qu’elle suit point par point. A ce point, c’était à l’étranger de dépenser son premier billet de cent, les autres viendraient plus tard.

« Jamais de la vie je ne te donnerai cent dollars, ma chérie. 

- Mais je veux jouer ! On est là pour jouer !

- Tu as raison, moi aussi je veux jouer. Karina, donne-moi cent dollars. »

 

 

 

Nous rigolons un peu, puis je vais changer cinquante dollars en jetons pour machines à sous. Dans tous les cas, j’avais prévu de dépenser de l’argent pour jouer, et sans Karina, je n’y serais pas venu, alors perdu pour perdu, autant jouer cet argent tout de suite. Ce jeu m’ennuie très vite, je donne tous mes jetons à Karina qui entre en ébullition. Elle établit une relation de fusion, de communication magique avec la machine. Elle gagne souvent, elle atteint la somme de trois cents dollars. « Jésus Christ, pensé-je, cette fille a un don, c’est certain. Si personne ne l’arrête, elle va dévaliser la banque. » Elle touche l’écran, elle invoque les images qu’elle veut voir réapparaître, et ils réapparaissent. Je la quitte pour me promener dans la grande salle.

Un groupe de rock britannique chante des chansons des Beatles, des King, de U2, de la bande originale de Reservoir Dogs. Ils dansent, ils font un gros effort pour mettre de l’ambiance. Ils encouragent le public à taper des mains et à chanter. Le public, de son côté, composé de Chinois de différents âges, ne comprend pas les injonctions des artistes, et les regardent sans bouger, sans juger, les bras croisés et une cigarette allumée. Parfois, un homme pointe un doigt vers la fille qui danse sur la scène. Leur attitude contemplative me suggère que leur esprit est tout entier absorbé par des calculs complexes concernant la fortune qu’il leur reste, les paris qu’ils pourraient faire et les mesures possibles des risques à prendre et des profits qu’ils pourraient réaliser. Le groupe anglo-saxon, lui, doit passer des soirées bien mornes, à Macao, et fait preuve d’un grand sens du sacrifice professionnel, pour continuer à sourire, à prétendre s’amuser sur scène, alors qu’ils sont regardés comme des singes dans un zoo.

Quand je reviens voir Karina, elle est toujours électrisée par sa machine à sous. Elle me tire à elle, me pose la main sur sa poitrine, sur ses cuisses. Elle explose de joie quand elle gagne et m’enlace et m’embrasse. Je profite de la situation sans fièvre : je sais que je ne suis qu’un exutoire passager de son trop plein d’excitation. Mais enfin, je ne laisse pas passer l’occasion, non plus, de soupeser ce corps expérimenté. Ce n’est pas tous les jours qu’on a une Indonésienne sous la main. Elle me fait toucher l’écran, moi aussi, je m’exécute tandis qu’elle me caresse le dos et les bras car ses mains ne peuvent rester inutilisées. Pendant qu’elle joue, je lui prends la main libre et examine de près ses lignes de chance, de vie, ses lignes multiples qui font de sa paume un paysage désertique. Je regarde ses doigts, ses ongles. Je passe de ses mains à ses hanches, que je tripote l’air de rien. Les bourrelets de cette fille sont la volupté même. Shen Fu, dans le classique Fu Sheng Liu Ji (Six récits d’une vie flottante) écrit que « la beauté de la caresse vient de ce qu’elle est donnée naturellement, dans un moment de semi inconscience. »  Ce que je fais est bien naturel, et elle est bel et bien dans un état de semi inconscience ; nos caresses sont donc légitimes. Karina est absente, elle ne réagit qu’aux images qui défilent sur l’écran, ce qui rend notre petit jeu un peu lassant. Cependant, son visage, possédé par le démon du jeu, est l’objet de contractions et de déformations soudaines qui la rendent hideuse. Un sourire diabolique barre son joli minois, par instants, et me donne la chair de poule.

A une heure du matin, j’en ai plus qu’assez vu. Il faudra encore convaincre Karina de me rendre mon écharpe qu’elle porte depuis notre arrivée au casino, et briser une à une toutes ses tentatives de me faire rester.

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15 février 2006 3 15 /02 /février /2006 00:00

Le pied d'une femme fervente 

Karina dit que Dieu donne tout et qu’il peut tout reprendre. Que Dieu donne la vie, le bonheur, la chance ; mais, précisément, comment comprendre qu’Il m’ait donné toutes ces choses enviables, moi qui suis satisfait d’une réalité exempte de surnaturel ? Je suis à Macao, j’ai passé une merveilleuse journée… « Mais c’est grâce à Dieu ! Tout ça, c’est Dieu qui te l’a donné, c’est pourquoi tu dois essayer de croire. » Je lui avoue mon scepticisme devant le manque de logique d’un Dieu qui donne tant à un mécréant sans rien en échange ; s’Il était cohérent, il aurait dû me faire rencontrer une femme désagréable et moche, au lieu de quoi je tombe sur une délicieuse Balinaise qui me parle de vie éternelle. « Je suis comblé, Karina, au comble du bonheur ! »

Elle évoque son amour du chant religieux. Elle va dans les mosquées, dans les églises catholiques, dans les églises protestantes, dans les églises nestoriennes, et elle chante. Une fois les chants terminés, elle s’en va car « les longs discours l’endorment. » Dieu est déjà dans son cœur, elle n’a pas besoin en sus d’avoir « la tête cassée. »

Parler de Dieu la rapproche de moi et, par le mystère d’une force théologale, me rapproche d’elle en retour. Grand cœur d’artichaut, je fonds devant ses yeux sérieux et son sourire coquin. Pour chercher une explication scientifique au phénomène de l’amour, un chercheur américain, Arthur Aron pour ne  pas le nommer, a enfermé des hommes et des femmes qui ne se connaissaient ni d’Eve ni d’Adam dans des cellules, deux par deux. Dans chaque pièce, l’homme et la femme devaient échanger quelques détails sur leur vie personnelle et se regarder dans les yeux pendant deux minutes. L’expérience terminée, ils reconnaissaient ressentir un début d’attirance physique et un commencement d’attachement sentimental à l’endroit de leur partenaire. Que dire, alors, de ma Balinaise et de moi, qui nous regardons depuis quinze minutes, qui oublions le monde séculaire autour de nous pour voyager dans des zones éthérées, depuis le fond de nos yeux ? Je lui avoue que s’il m’était donné de la voir tous les jours, et que si tous les jours elle me parlait avec le même enthousiasme, peut-être me mettrais-je à croire en Dieu, et en tout ce qu’elle voudrait. Un chercheur américain pourrait aisément déceler, à mon état bio chimique et aux signes mesurables de mon comportement communicatif, qu’en effet, un mélange d’attirance physique, de tendresse et de sentimentalité prennent racine en moi. En définitive, peut-être que les chercheurs anglo-saxons ne disent pas complètement n’importe quoi. 

La tong qui se balançait sur un orteil depuis plusieurs minutes, tombe à terre. Karina ne la ramasse pas, elle garde les jambes croisées. Son corps est potelé mais son pied est fin et ses orteils parfaitement dessinés. Un tatouage au-dessus de sa cheville excite constamment mon regard. Elle dit qu’il représente le soleil. Nous parlons de l’art du massage des pieds et de ses effets sur le sommeil. Comme elle ne s’en est jamais fait faire, je lui en explique la procédure, en joignant, à mon tour, le geste à la parole. Son pied dans la main, j’appuie à l’endroit où, habituellement, je ressens une douleur. Elle dit que ça ne lui fait pas mal. J’appuie à d’autres endroits, elle n’a mal nulle part, alors je masse tout le pied en donnant force explication. Elle a l’habitude de ne pas porter de chaussure, la peau de sa plante de pied est sèche comme du papier. Le massage chinois se termine par le tibia et, précisément, un point juste en dessous du genou. Cet éclairage médical m’autorise à caresser le tibia le plus doux de tous les tibias que j’ai eu l’occasion de toucher dans ma vie. Ma main ne se souvient pas d’avoir caressé un os, mais une chatte, un corps souple et glissant et soyeux. Le mollet ne m’était pas accessible et nous étions dans un lieu public.

Emoustillée par le massage, elle me propose de partir boire, sans attendre les Africaines. Banco, dis-je, partons sans attendre. Elle va se changer et revient habillée comme une prostituée.

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14 février 2006 2 14 /02 /février /2006 00:00

Une question de méthodologie

 

 

Il fait nuit. De retour à l’hôtel, une fille, à l’accueil, attire mon regard. Petite, jambes nues, échevelée, elle parle en Dieu sait quelle langue avec un vieux Chinois assis. J’apprendrai bientôt qu’elle est de Bali. Elle me demande si je suis grec. La conversation commence, elle sera très serrée.

Ce n’est pas plus mauvais qu’autre chose, pour aborder les gens, que de leur demander s’ils sont grecs. Elle me fait asseoir à côté d’elle, sur un banc, et m’invite à me joindre à elle, et ses « amis » congolais et camerounais, pour boire gratuitement dans un casino. Des Camerounais et des Congolais, n’est-ce pas parfait pour parler football ? L’équipe de France doit rencontrer le Togo en phase finale de la coupe du monde, cet été, en Allemagne. Tout est réuni pour passer une excellente soirée, baignée par le charme de cette Balinaise. Elle me dira, sur le chemin du casino, que ses amis africains sont en fait des amies, « très sexy, avec de gros culs, chose que nous n’avons pas, nous, pauvres asiatiques. »

Elle était persuadée que j’étais grec. Mon visage, mon front, ma barbe naissante le lui indiquaient, je n’avais rien de français. Mais elle ne connaissait rien à l’Europe, elle n’y avait jamais mis les pieds ! « J’ai vu un livre de méthodologie grecque, il y a des images, et les hommes ont le même visage que toi. » Elle pointe mon front, mon nez et la forme de mes yeux. Tu as vu ça dans un livre de méthodologie ?

Ses amies africaines étaient à l’église, à un service de nuit, visiblement. « On les attend et on va se saouler la gueule, d’accord ? 

- D’accord, mais je n’aime pas me coucher très tard.

- Pourquoi ? C’est les vacances, pas besoin de dormir tôt. »

- Vacances ou pas, j’aime le matin. »

Je compare le soleil à ses yeux, ça la convainc aussitôt. En réalité, elle ne croit pas que je résisterai à l’attrait d’une nuit de fête. Elle-même y résiste si peu qu’elle ne fait rien d’autre. Elle dort la journée.

Elle me parle de son avenir et de ses rêves d’avenir : aller au Royaume Uni, puis aux Etats-Unis, et là-bas, se marier et avoir quatre enfants. Elle est prête à épouser un homme musulman ou chrétien, peu importe la religion du moment qu’il croit en Dieu. Et s’il ne croit pas en Dieu ? « Ce n’est pas possible. » Elle me perce vite à jour. « You not believe ? » La conversation devient théologique en diable. Cette Indonésienne, aux faux airs de Philippine cherche d’abord à me convaincre de l’existence de Dieu, de son omnipotence, mais aussi de sa nature secrète et mystérieuse ; ensuite à me convertir à la foi musulmane qui est la meilleure de toutes et la seule qui nous assure d’être, après la mort, « comme un bébé qui naît », alors qu’un infidèle qui meurt est condamné à être sempiternellement « piqué, mordu et mangé par des serpents, toutes les heures, à chaque minute, des serpents sur toutes les parties de ton corps. » Joignant le geste à la parole, la belle prosélyte me pince gentiment le bras, la cuisse, la main et l’aine. Je ne donne pas cher du modèle occidental si Al Qaida recrute de telles émissaires pour nous mettre sur le chemin du Prophète.

Elle me conjure d’essayer de croire en Dieu, que la foi me rendra plus heureux. Or, moi, s’il y a un domaine où je suis imbattable, c’est le bonheur. Je ne suis pas le meilleur des hommes, mais je suis un des plus heureux. Elle me croit instantanément. Elle me dit que ça se voit sur mon visage, compliment qui me touche beaucoup plus que d’être comparé à un demi-dieu de la méthodologie grecque.

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9 février 2006 4 09 /02 /février /2006 11:05

Il faudrait réaliser une étude psycho biologique des voyageurs posant le pied sur un nouveau territoire, pour comprendre ce qui fait que, contre toute attente et pour aucune raison, ils s’y sentent soudainement bien. Je n’avais nulle part où dormir, à Macao, nul projet défini, la ville aurait pu me rejeter sans peine comme une poussière hétérogène, un corps étranger. Or, dès la sortie du ferry, mes pas me conduisirent vers le bon bus, instinctivement, vers la bonne personne qui me dit combien me coûterait le trajet vers le centre. Je fis les choses sans y penser, par réflexe, je descendis quand j’en sentis le moment opportun, je marchais dans les ruelles pleines de charme autour de la Rua da Felicidade, je ne pensais à rien et je me sentais à ma place. Il est des villes avec lesquelles on se plaît sans pouvoir expliquer pourquoi, de la même manière que des gens, dès le premier contact, dégagent de l’amitié à votre égard, ou des femmes qui vous sont proches sans avoir ouvert la bouche. Dans la Rua da Felicidade, je tombais sur une devanture d’hôtel qui m’intéressa en partie pour l’absence du mot « hôtel » sur la façade. Des rudiments de chinois et une vague intuition des langues latines m’ont fait deviner que cela pouvait être mon prochain logement. Je m’étais fixé une limite financière, concernant la chambre. Au-dessus de cinquante euros la nuit, je rentrais à Hong Kong ou je dormais dehors. Ici, c’était huit euros, pour un bel espace sans fenêtre, aux murs plaqués de bois vert sombre, un lit double, un banc en bois, une commode inutilisable pour des hommes d’un mètre quatre-vingt, un lavabo assez propre et un pot de chambre ! Un pot de chambre, aux bords évasés, comme dans les films. Les murs ne montaient pas jusqu’au plafond, afin que les voyageurs se sachent appartenir à une communauté, dans la chaleur de la nuit. Les douches et les toilettes étaient communes, comme il est convenable qu’elles le soient.

Là encore, si j’étais psychologue évolutionniste, j’entreprendrais une étude bio chimique sur l’état émotionnel des voyageurs qui entrent dans leur nouvelle chambre d’hôtel. Quelle hormone produisent ils qui provoque en eux ce haut-le-cœur de joie ? Je posai mes affaires, je voulais tout étreindre, cet espace était le mien pour quelques heures, pour une nuit entière, pour deux nuits, une éternité, je l’avait payé, j’étais sauvé et libre de faire l’imbécile. Une joie enfantine irradiait mes membres d’une sorte de dopamine qui, si j’en crois les théoriciens anglo-saxon du néo-darwinisme, doit être connecté à un vieux sentiment, très vieux, remontant à une lointaine époque de l’évolution de l’espèce. Si je menais une expérience sur ce thème, je partirais de l’hypothèse que le voyageur ressent une joie proche de celle de l’homo erectus lorsqu’il a trouvé une grotte, au soir d’une journée de chasse dans la forêt, un sentiment de délivrance et d’excitation dû au fait d’avoir sécurisé une couche où il va traîner une femelle. Ah ! Mais cela ne signifie pas que chaque chambre d’hôtel fait resurgir le fantasme d’une rencontre sexuelle ; non, la dopamine, si c’est de cela qu’il s’agit, peut être aussi provoquée par la perspective d’un bon repas et d’une soirée de lecture, tout seul, dans la plénitude infinie de son hôtel borgne.

Je suis retourné dans les rues de Macao, le Largo do Senado, les façades portugaises, l’église baroque de São Domingo aux balcons latéraux, aux fenêtres garnies de persiennes d’où l’on croit voir apparaître des femmes du dix-huitième siècle, la peau luisante de sueur. Une église telle qu’on n’en voit pas même en France ni en Italie. Peut-être qu’elle n’est pas portugaise non plus, mais simplement adaptée au climat tropical, haute, lumineuse, plus proche du bambou et de l’éventail que de la pierre et de l’encensoir.

                   

Il faisait encore assez bon pour flâner dans les rues en pente, Rua do Monte, Rua São Domingo, Rua da Palha. Les filles étaient sensuelles. Difficile de faire le partage entre leur latinité et leur appartenance au type chinois. Leur jeans moulants, leurs bottes pointues à talon leur donnent une démarche fauve, lente et provocante. Elles regardent le voyageur avec des airs de défi innocent. Je marchais, je montais une côte, entre étourdissement et enchantement, jusqu’à la vision imposante, dramatique, d’une grande façade baroque qui se détachait violemment du ciel. La lumière rasante de fin d’après midi lui donnait encore plus de grandeur et plus de chaleur. C’était les ruines de l’église São Paolo. Une façade, seule, à partir de quoi il faut imaginer une église grandiose. Sa présence sur fonds de ciel, la lumière du jour qui la transperce, rendaient le spectacle puissant et poignant. Je m’assis, dessinais l’ensemble de la façade, puis des détails de pierre sculptée émouvants, ou amusants : une Vierge Marie surmontant un dragon à six ou sept têtes, un bateau portugais, un cadavre. Des Chinois regardaient par-dessus mon épaule et ne faisaient pas de commentaire.

                                  

La nuit tombait, ma douleur au pied avait presque disparue. Mon corps, toujours guidé par les vieux atavismes de mes ancêtres Cromagnon, obéit à un réflexe de camouflage et de recroquevillement. Je rentrai à l’hôtel San va Hospedaria par le chemin des écolier.

 

 

 

 

 

 

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8 février 2006 3 08 /02 /février /2006 04:44

Depuis le Peak Victoria, j’ai voulu descendre à pied au centre ville. J’essayais tous les chemins et aucun ne me conduisit où je voulais. Sur la route qui descendait, les voitures de luxe ne m’évitaient qu’avec peine ; des chemins partaient dans les bois, je les prenais et j’étais au milieu d’une verdure sauvage. Une clôture me barrait le chemin ; invariablement, les chemins m’interdisaient l’accès aux demeures immenses qui habillent la montagne. Une fois, une porte grillagée me séparaient de deux nourrices philippines qui surveillaient quelques enfants américains et chinois. Une autre fois, je pouvais voir une piscine, un salon, une salle à manger. Un piano à queue. On dit des gens qui vivent là qu’ils ont une vie de rêve. De petits égarements qui me ramenaient au sommet.

Un chemin, appelé le Hong Kong Trail, faisait le tour de la montagne. Je marchais beaucoup en dépit d’une douleur au pied droit, à l’endroit que les masseuses désignent comme le point du sommeil. Les vues dégagées sur la mer, sur les tours, sur les bateaux, sur le réservoir au sud de la ville étaient impressionnantes, mais moins impressionnantes que les arbres qui longeaient le chemin. Ils étaient variés, chatoyants, ils donnaient envie d’étudier la botanique. Je fus stupéfait, littéralement, par un gros caoutchouc d’Inde. A première vue, je croyais qu’il s’agissait d’un banian, à cause des racines aériennes, mais un panneau explicatif rectifia mon erreur. Des branches poussent, et sur les branches, d’autres branches prennent naissance et poussent, ou tombent jusqu’au sol, dans lequel elles s’enfoncent pour sucer la sève et devenir racines. C’est dégoûtant ; de partout, des branches racines dégoulinent, se lovent, s’entortillent avec viscosité. Si l’on coupe une de ces racines aériennes, un liquide blanc et collant en sort, c’est la matière première du caoutchouc. Cela offre un spectacle puissant, effrayant ; on sent un être qui pousse de toute part, qui aspire et déglutit la vie tout autour de lui, qui grossit sans ordre, en violant les lois de la botanique. La vision est oppressante après quelques minutes. Une forêt de caoutchoucs d’Inde serait l’équivalent naturel d’un film d’horreur fantastique. Les branches coupées au-dessus du chemin laissent pendre des filaments de glue séchée, donnant l’image étrange d’une pluie tropicale immobile.

                                                               

Je repris ma route pour tenter une dernière fois de descendre à pied du Peak. J’échouai à nouveau. J’achetai des provisions et mangeais, et buvais, en regardant la nuit tomber et les lumières des tours s’allumer.

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7 février 2006 2 07 /02 /février /2006 00:00

Ce fut un vrai plaisir d’emprunter un funiculaire pour gravir la colline la plus célèbre de Hong Kong. C’est le funiculaire le plus pentu, paraît-il, du monde. Il vous tire à la verticale. Vous voyez défiler le monde extérieur, qui se trouve tout distordu. Vous êtes conscient d’être penché en arrière, donc votre cerveau compense, si je puis dire, l’angle de vision, afin de rendre la réalité perçue comme vraisemblable. Vous vous attendez à voir une tour apparaître selon un certain angle, calculé par votre cerveau, et vous la voyez différemment, elle vous paraît inclinée à vingt ou trente degrés. Le monde est soudain très drôle, vu du funiculaire. Au naturel, déjà, il ne manque pas de me faire pouffer et ricaner, mais là, depuis le funiculaire, il perd toute contenance, il devient parfaitement absurde et les hommes qui l’ont aménagé font l’effet d’avoir perdu tout sens commun. On sort de là hilare, essuyant des larmes de rire cognitif, devant tant d’irrationalité. C’est là un des signes de la supériorité de l’homme sur toutes les autres espèces : non seulement il est rationnel, mais il peut, grâce à cela même, être irrationnel et alors il devient drôle (ou tragique, c’est selon.)

Au sommet, les Chinois se font photographier devant la belle vue. La vue est simple : les tours de l’île de Hong Kong, la mer et la baie de Kowloon. Des professionnels de la photo attendent les touristes pour les immortaliser. Leur appareil possède cette particularité d’effacer la grisaille sur le cliché. Pour ma part, comme je ne suis ni photographe, ni rédacteur de guide touristique, ni employé d’un office du tourisme, je prends la liberté de noter le nuage de pollution qui étreint les cent tours. Heureusement, et comme par magie, le spectacle se purifie à la nuit tombée. Le noir s’installe et les tours s’allument, c’est alors, comme dit Marc, un feu d’artifice lent et permanent. 

 

 

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