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  • : Nankin en douce
  • : Des mini reportages sur la vie et les gens de la "capitale du sud". En marges de l'actualité brûlante pour faire découvrir une Chine tantôt drôle, tantôt poignante.
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12 novembre 2014 3 12 /11 /novembre /2014 18:58

Au sortir du salon de massage, Juliette, JB et moi avons continué notre promenade dans les ruelles obscures du quartier "républicain" de Nankin. 

Nous avions prévu de passer voir un acupuncteur qui pratiquait aussi le massage des pieds, dans une rue bien plus passante que celle où nous nous étions enfoncés. Une rue pour flâner et pour consommer. Une rue où les fruits et les enfants en pyjamas s'étalent sur le trottoir. L'acupuncteur était d'accord pour qu'on prenne des photos de son activité pour les archives de JB, et qu'on prenne du son pour mon documentaire radiophonique. 

Juliette, notre interprète, était d'accord pour se laisser piquer, afin que JB voie comment son confrère chinois s'y prenait. Moi aussi, je voulais bien qu'on me pique. Juliette et moi fûmes donc allongés côte à côte, chacun sur son lit d'hôpital, ou sa table de masseur. Un peu nerveuse, Juliette s'agitait un peu à chaque piqûre. Moi je trouvais cela un peu désagréable, mais j'étais consolé par la contemplation du joli visage de mon ancienne étudiante, qui traduisait en même temps qu'elle suivait pour la première fois une séance d'acupuncture. Une fois les aiguilles plantées, nous devions attendre vingt minutes, immobiles. Le système nerveux bloqué par la dizaine d'aiguilles qui faisaient frissonner mes méridiens. 

Cobaye chez l'acupuncteur de Nankin

Chemin faisant, le praticien nankinois offrit à JB de lui montrer l'art des ventouses.

On me demanda si je voulais bien servir à nouveau de cobaye ; mais comment donc.

On m'enleva les aiguilles et on commença à chauffer les ventouses pour mes les poser sur le dos. JB passa mon micro enregistreur à Juliette, et se saisit de son appareil photo.

Cette séance fut pour moi une belle expérience. J'avais le casque de reporter sur les oreilles, et j'entendais la voix de Juliette commenter ce qui se passait sur mon dos. J'étais envoûté par sa voix, qui semblait produire une émission de radio pour moi seul, à propos de moi seul. Elle usait d'un vocabulaire précis et varié qui impressionna d'ailleurs JB.

Il lui dit : "Je ne sais pas qui fut votre professeur de français, mais c'était un bon."

Il faudrait profiter, à volonté, de reporters délicieux qui vous racontent ce qui se passe dans votre dos.

Résultat des opérations : j'ai bénéficié de trois soins de médecine traditionnelle en une seule soirée, et aucun de mes maux n'a disparu. Mon dos, en revanche, s'est trouvé couvert de cinquante traces circulaires, rougeâtres et bordeaux. (Parfait pour draguer à la piscine, à la condition expresse de draguer une femmes chinoise qui, en plus d'être habituée aux corps ventousés, ne soit pas rebutée par les poils du mâle occidental.)

En même temps, c'est toujours ainsi avec les médecines non conventionnelles, traditionnelles ou alternatives : on ne parle d'elles que lorsqu' "elles marchent". Quand, comme dans la plupart des cas, elles n'ont aucun effet probant, on s'empresse d'oublier lesdites séances inutiles, et l'on garde intacte notre foi en elles. Moi, en tout cas, heureux cobaye, j'en ai gardé le souvenir vivace sur toute la surface de mon dos.

Cobaye chez l'acupuncteur de Nankin
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11 novembre 2014 2 11 /11 /novembre /2014 18:54
Massage et reportage
Massage et reportage
Massage et reportage
Massage et reportage
Massage et reportage
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11 novembre 2014 2 11 /11 /novembre /2014 18:34

Après avoir visité le palais du Président, JB et moi avions rendez-vous avec la délicieuse Juliette, alias Rouge Propice (je crois que c'est la traduction littérale de son nom). ​

Juliette était mon étudiante, au temps béni de ma jeunesse, et elle nous accopagna ce soir-là dans les ruelles, pour manger avec nous et faire, le cas échéant, un peu de traduction. 

Dans une ruelle particulièrement sombre, j'avisai un petit salon de massage familial et nous y entrâmes. Moi, c'est la femme qui s'occupa de mes pieds, tandis que Juliette fut entreprise par les mains expertes du mari. Elle en riait de douleur nerveuse, alors que moi, je ne sentais que caresses diffuses et mon coeur s'en trouva tout ramolli.

Le mari passa alors aux pieds de JB et les tritura de belle manière. C'était un baptème du feu pour l'acupuncteur français, et la douleur fut au rendez-vous, cependant que l'épouse continuait de me masser gentiment. JB transpirait, poussait des cris et analysait en même temps les points d'acupuncture qu'éventuellement le masseur massait. 

Nous apprîmes que l'homme était de Nankin mais que la femme était du nord. Comment elle atterrit ici, je l'ai oublié. 

Massage des pieds
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10 novembre 2014 1 10 /11 /novembre /2014 16:49

 

J'ai choisi le quartier Mei Yuan pour une double raison. D'abord, j'avais repéré les petites rues, très agréables en soirée, où l'on pouvait avoir accès à des acupuncteurs et des masseurs "de rue". Je veux dire par là des praticiens de médecine ancienne, peu regardants populaires, dont les échoppes débordaient sur les trottoirs.

J'avais en tête que JB, l'acupuncteur français, pourrait ainsi humer l'air des rues et et voir comment sa propre pratique médicale pouvait se développer à l'air libre, dans le maillage étroit de la vie quotidienne des Chinois.

L'autre raison, c'était la proximité d'un haut lieu historique et architectural de la ville, le Palais du Président. Dans ce palais, un enchevêtrement de jardins et de pavillons où différents gouvernements ont pu régner sur la ville et le pays. Des salles du trône, des salles d'expositions, des bureaux cachés où l'on pouvait écrire et méditer. Comme souvent, les lieux du pouvoir sont aussi des lieux d'un grand luxe de décoration et d'architecture. Les lieux de pouvoir offrent au regard de nombreux salons, des boudoirs, des promenades et des salles de danse.

Qu'on imagine le palais de l'Elysée, à Paris. Ou le château de Versailles. Ce sont des lieux de pouvoir mais ce sont avant tout des bâtiments à la pointe des arts et métiers de leur époque, et pour cela, des monuments à visiter, dont s'émerveille à juste titre. De le même manière, le palais du Président, à Nankin, est un enchantement d'architecture et de beaux-arts.

Et puis, cerise sur le gâteau, il s'agit d'un monument historique de premier plan. C'est là que Sun Yatsen a installé le gouvernement de la république en 1912. Excusez du peu.

Le palais du Président
Dr Sun Yatsen, premier président de la république de Chine

Dr Sun Yatsen, premier président de la république de Chine

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9 novembre 2014 7 09 /11 /novembre /2014 08:10

Fin octobre, je suis retourné à Nankin pour un court séjour avec JB, acupuncteur français qui ne connaissait pas la Chine. Cela doit montrer, je pense, l'attachement qui est le mien pour la capitale du sud : quand je veux faire découvrir la Chine à quelqu'un, c'est à Nankin que je l'emmène.

Cette fois-ci, j'ai choisi un hôtel et un quartier qui peuvent paraître étrange : le Time hostel, dans le vieux quartier rénové "Mei Yuan", constitué de maisons en briques, assez loin du centre ville.

Bon, le centre du centre, Xinjiekou, n'a jamais été mon truc, mais ça reste un endroit fascinant : l'endroit où les deux grandes artères se croisent. En hommage au fondateur de la république, le Dr Sun Yatsen, on a percé deux grandes avenues, perpendiculaires l'une de l'autre, toutes les deux nommées Zhongshan. Pour les différencier, on dit Zhongshan nord, Zhongshan sud, Zhongshan est et Zhongshan ouest.

Zhongshan, c'est le surnom lettré du Dr Sun Yatsen, qui a fait de Nankin la première capitale de la Chine républicaine. La ville de Nankin est donc parcourue entièrement, de manière cardinale, par une grande croix dédiée à la mémoire du grand homme. Au centre de la croix se tient le centre de la ville : Xin Jie Kou. C'est là que bat le coeur commercial de la ville. Ce n'est pas mon truc, mais c'est impressionnant.

J'ai donc opté pour un autre quartier, plus à l'est.

On pourrait trouver ce choix étrange car cela nous localisait aussi relativement loin des lieux de vie principaux qui ont marqué ma vie nankinoise. A l'époque, mes enchantements étaient concentrés sur des quartiers assez précis, répartis sur l'ensemble du territoire de la ville :

- Le quartier des universités, bien sûr, où je vivais.

- Au sud, le quartier du temple de Confucius, à quoi j'ajoute celui du palais Chaotian, où j'allais écouter le Kunqu, l'opéra traditionnel de la région.

- La Montagne Pourpre et Or à l'est.

- Au nord du centre ville, il y avait l'ensemble remparts/lac Xuanwu, près du temple du Coq.

Or, j'ai opté pour tout autre chose.

J'expliquerai mon choix dans un autre billet.

Quel quartier choisir
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3 juillet 2014 4 03 /07 /juillet /2014 10:04

Je me promenais dans le vieux quartier du Temple de Confucius. Autrefois c'était un quartier de plaisir, les prostituées y étaient bien traitées, bien payées, instruites.

 

En 1984, quelques années après la mort de Mao, Nankin a rénové le temple de Confucius. Les temps avaient changé, on pouvait à nouveau célébrer le grand penseur. Autour du temple, c'est un déluge de boutiques coorées, un véritable bric à brac de souvenirs kitsch. On va donc dans ce quartier pour deux choses : prier Confucius pour réussir ses examens, pour les examens de ses enfants, et dépenser de l'argent dans le quartier.

 

Mon hôtel est proche du temple. Une vieille amie est venue m'y rejoindre. Elle n'habite pas à Nankin, mais elle a fait le déplacement pour qu'on passe du temps ensemble. C'est la magie du temple de Confucius. J'y ai prié pour réussir à écrire un bon livre, mais mon chinois est trop imparfait, je me suis mal fait comprendre. Le sage m'a envoyé, à la place, une amie aux jambes douces.

Comme écrivain, j'ai du souci à me faire.

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2 juillet 2014 3 02 /07 /juillet /2014 09:54

Nankin-2.jpg

 

 

En Chine pour revoir mes amis, j'en profite pour faire des reportages radio.

 

Ou plutôt non, c'est l'inverse. En Chine pour faire des reportages, j'en profite pour revoir mes amis. Et retourner sur des lieux aimés.

 

Dans la Montagne Pourpre et Or, à l'ouest de Nankin, j'interviewe Neige qui répond à mes questions avec beaucoup d'aisance et sans manières. En particulier, elle parle de son travail d'écriture francophone, de ses blogs, de ses lecteurs et des passions qui l'ont conduite à écrire. Je suis ravi d'avoir enregistré ces sons, car j'étais persuadé qu'elle allait refuser, prétextant qu'elle ne voulait pas être sur le devant de la scène, qu'elle ne voulait plus entendre parler de ces blogs, etc.

 

Elle dit qu'elle n'écrit plus car elle est mariée et qu'elle a un enfant.

 

Ecrivain, c'est donc un métier de célibataire ? Neige rit. Elle dit oui, en quelque sorte. Je ne me souviens plus exactement des mots qu'elle a employés, ça m'avait fait rire. Il faut que je réécoute mes fichiers audio.

 

Nous passons devant un temple en hommage à un grand lettré du VIe siècle. Plus loin, un autre jardin abritant une forêt de stèles en mémoire d'un des plus grands calligraphes de l'histoire. Neige en profite pour prendre furtivement quelques photos.

 

Un juste retour des choses : je prends des sons de sa voix, elle prend des images de moi. C'est le reporter reporté.

 

Nankin-1.jpg


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1 juillet 2014 2 01 /07 /juillet /2014 09:48

Neige m'a invité à cette soirée spéciale. Dégustation à l'aveugle avec ses "étudiants". Au centre ville, et en compagnie de gens qui avaient suivi une sensibilisation au vin. Certains sont eux-mêmes des importateurs de vin, ou travaillent chez des négociants.

 

Au 27ème étage d'une tour, l'entreprise de Sheng Nu offre un décor tamisé, où les conversations peuvent se poursuivre dans de vastes sofas. Sheng Nu elle-même, la quarantaine menue et sémillante, a décidé de monter son entreprise d'importation après avoir participé à l'exposition universelle de Shanghai, en 2008. Elle a cru voir dans son pays un marché exponentiel pour le vin, en particulier le vin français.

 

Les Chinois apprennent le vin dans un système mis au point par les Anglo-Américains, basé sur la vieille œnologie européenne. Or, le vocabulaire parle de fruits inconnus par la majorité des Chinois : myrtilles, mûres, groseilles, etc.

Nous, encore, quand on s'essaie à la dégustation, on peut s'imaginer marcher dans les forêts, se projeter dans nos campagnes, se souvenir de nos promenades, nos cueillettes de fruits rouges. Le travail qu'entreprend un œnologue chinois doit relever d'un grand effort d'imagination.

 

Un des vins me paraît âcre et amer comme du vinaigre. On discute autour de la table. D'aucuns pensent qu'il pourrait être chilien, en raison d'un certain "goût de végétaux". Ou alors un bordeaux, d'une année médiocre... On découvre l'identité de la bouteille : c'est un Graves, cru bourgeois, de 1994 ! Peu de vins peuvent vieillir vingt ans. Celui-ci a peut-être été mal conservé, en tout cas il est foutu.

C'est pourtant lui qui gagnera la palme du meilleur vin de la soirée pour les participants. Il est vieux, et il a coûté 8000 yuans à la jeune femme qui l'a apporté. Presque 1000 euros !

 

On me rassure : "Ne vous inquiétez pas, elle est très riche. Sa famille possède beaucoup d'usines dans la région."

 

En revanche, je me suis régalé d'un Saint-Estèphe de 2008. Comme personne ne se resservait, j'ai gardé la bouteille près de moi. Je faisais un reportage pour la radio, et j'avais pris assez de sons. Je pouvais profiter du charme des jeunes amateurs de vin, des heures fraîches de la soirée, et du doux nectar rencontré ici comme par miracle.

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30 juin 2014 1 30 /06 /juin /2014 09:16

La premiere chose qui frappe le voyageur, c'est la qualite de l'air.

Je ne veux pas en parler davantage : en sortant de la gare, en bordure du lac Xuanwu hu, j'avais du mal a distinguer les tours de la rive opposee.

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22 mai 2014 4 22 /05 /mai /2014 14:53

Huit ans après la fin annoncé de ce blog, je projette de retourner à Nankin pour un court séjour en juin 2014.

 

Le billet d'avion est acheté. Cela fait des années que je voulais retourner dans cette région du monde. Je me demande encore comment j'ai pu attendre si longtemps.

 

Je vais donc revoir des anciennes figures, et c'est peu de dire que je suis impatient.

 

Sous peu, donc, de nouveaux reportages sur Nankin la douce.

     
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