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  • : Nankin en douce
  • : Des mini reportages sur la vie et les gens de la "capitale du sud". En marges de l'actualité brûlante pour faire découvrir une Chine tantôt drôle, tantôt poignante.
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4 décembre 2005 7 04 /12 /décembre /2005 00:00

Pourquoi ne pas laisser mes étudiants changer de prénoms à leur guise, me direz-vous ? Parce que j’ai toutes les peines à m’en souvenir, voilà la raison. Cela me vient en partie de ma mère qui, quand elle parle d’un de ses fils, prononce rarement le bon prénom en premier. Comme nous sommes quatre ou cinq garçons, dans la famille, j’ai toujours entendu Guillaume précédé de Jean-Baptiste, Antoine ou Hubert, et les prénoms de mes frères précédés du mien. Cela aide à se détacher des fausses valeurs et des fausses identités, je vous le dis. Cela m’a peut-être aidé à saisir plus facilement des théories philosophiques et littéraires concernant l’éclatement du moi, le constructivisme ou l’artificialité du sujet. (Y aurait-il des pensées propres aux enfants uniques et d’autres aux familles nombreuses ? Ne creusons pas cette piste, cela sonne creux.) Plus tard, les gens me donnèrent des surnoms que j’acceptais sans problème, et confondirent aussi Guillaume avec des prénoms qui leur paraissaient proches, ou dont le dépositaire leur faisait penser à moi, Jérôme, Mathieu, Martin. 

Bref, les noms des gens me sont une torture, si bien que je ne peux pas être l’ami intime de ceux qui sont pointilleux sur ce point. Ils pensent invariablement que je ne les aime pas ou que je suis indifférent, ce qui est faux. Je continue ainsi de confondre des noms de collègues après des années de fréquentation.

C’est la raison pour laquelle je fais souvent précéder mes apostrophes par « Monsieur », « Madame », ou « Mademoiselle », ou par des variations plus chics du genre « Mister » ou « Camarade », ou encore par des « Mon bon », « Ma belle », « Mon enfant ». Tous ces « Jolie Machine », ces « Excellent Bidule », ces « Ma bonne Yvette » me laissent le temps infime qui m’est nécessaire pour rappeler à ma mémoire le prénom correct, et s’il ne vient pas à la mémoire, alors mon apostrophe reste indéterminé mais à peu près respectueuse et fidèle au sentiment que m’inspire l’individu en question, qui, lui, n’est jamais confondu avec un autre dans mon esprit : « Mon bon collègue, tu manges avec nous ? », « Réponds-moi, délicieuse étudiante », « Dis-moi, camarade, que penses-tu de… », « Je suis plutôt d’accord avec… mon excellente amie, ici présente, pour dire que… »

J’imagine que cela rend les échanges plus fluides, mais ce n’est pas prouvé.

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commentaires

F
Je confirme camarade ! ou "Mon bon Guillaume"! les "mon bons" ou "mister" rendent effectivement les échanges plus fluides , la preuve , nostalgique de ces joyeuses apostrophes (comme tu dis si bien) mais qui néanmoins demeureront dans ma mémoire, je suis devenu un lecteur assidu de ce blog ,<br /> Bonne continuation et bises de Paris,<br /> Francesco
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