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  • : Nankin en douce
  • : Des mini reportages sur la vie et les gens de la "capitale du sud". En marges de l'actualité brûlante pour faire découvrir une Chine tantôt drôle, tantôt poignante.
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1 avril 2006 6 01 /04 /avril /2006 07:54

Mademoiselle Fleuve, à la longue bouche de Khmer et aux formes voluptueuses, m’avait promis de passer une soirée avec moi pour faire de la calligraphie. Quand je lui ai parlé du poème de Li Bai, Jing ye si, elle a éclaté de rire. Pour elle, ce n’est qu’un poème d’enfant, ce n’est pas le signe, chez celui qui le récite, d’un homme fin et cultivé.

Qu’à cela ne tienne, ce ne sont pas toujours les autochtones qui ont le meilleur point de vue sur leur culture, je maintins ma requête d’avoir ce beau poème calligraphié des mains de ma « belle employée ». (Je rêve souvent de voir Mademoiselle Fleuve nue, je l’imagine allongée sur le flanc, gironde comme une Vénus des grands Vénitiens. Ah ! Que ne suis-je photographe ou peintre, pour lui demander de poser devant moi.)

Cette soirée fut organisée lors d’un déjeuner au restaurant. Un soir de la fin mars, Serge et moi inviterions Mademoiselle Fleuve à manger, puis nous irions chez Serge et elle s’exécuterait. Elle trouva l’idée excellente. Le jour dit, je m’aperçus que c’était mon anniversaire. Mes amis pensèrent que j’avais joué le cachottier alors que j’avais réellement oublié l’événement : j’avais marqué ce jour comme un moment de la semaine coincé entre deux matinées de travail, et comme la date de célébration des mains talentueuses de Mademoiselle Fleuve.

                                       

La table recouverte d’un tissu épais, la feuille de papier posée, l’artiste s’entraîna en calligraphiant son nom, puis s’empara d’une feuille vierge. Elle se concentra peu et se lança dans un poème de Li Bai qu’elle affectionne et qu’elle me destinait. Elle fut imperturbable, ne levait la tête que pour trinquer avec nous et avaler cul sec des verres d’alcool blanc. Elle avait une belle descente, Mademoiselle Fleuve, et elle ne m’en plaisait que davantage. Le reste du temps, son visage inspirait un profond respect, il s’en dégageait une sérénité héritée de l’enfance et d’un père sévère qui la forçait à calligraphier des heures entières.

                                             

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