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  • : Nankin en douce
  • : Des mini reportages sur la vie et les gens de la "capitale du sud". En marges de l'actualité brûlante pour faire découvrir une Chine tantôt drôle, tantôt poignante.
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13 avril 2006 4 13 /04 /avril /2006 09:33

Au bord du lac Xuan wu, un restaurant propose des spécialités de la province du Hebei, une province qui ne brille pourtant pas par sa gastronomie, ni par rien d’autre. Sigismond et moi l’avions découvert par hasard alors que nous courions autour du lac (Sigismond courait, moi je trottais et prenais des photos.)

Les tables du restaurant donnant sur le lac, nous nous sommes dit que c’était l’endroit idéal pour emmener nos amoureuses, ou toute autre beau spécimen du beau sexe.

J’y invitai ma belle employee pour mon anniversaire. Elle gara sa voiture près du temple du Chant du Coq et je vins la chercher à bicyclette à la porte du rempart Ming. Le restaurant n’est accessible qu’à bicyclette. Je vis sa longue silhouette sortir de l’épaisse porte en pierre, la peau blanche et les lunettes noires. Quand je l’embrassai, je vis une épaisse couche de fard ou de poudre sur son visage. Elle monta sur mon porte bagage pour longer le lac scintillant. Sur mon vélo, elle se couvrait le visage à l’aide de feuilles de papiers pliées. Je pensais qu’elle se protégeait le visage contre le pollen flottant dans l’air.

A table, elle m’expliqua pourquoi elle avait démissionné de son nouvel emploi, dans un hôtel de luxe. Elle y avait mûrement réfléchi, ses raisons étaient au nombre de trois. Premièrement, l’ambiance n’était pas bonne. Deuxièmement, les règles étaient trop strictes. Par exemple, elle ne pouvait pas naviguer sur internet, ce qui l’obligeait, quand elle voyait un client, « à ne parler que de l’hôtel, jamais de choses plus intéressantes. » Troisièmement, mon ancienne collegue jugeait sévèrement la gestion de l’hôtel. La pression qui pesait sur ses épaules de novices ne lui permettait pas de travailler « le cœur calme et tranquille ».

Nous parlâmes de la difficulté qu’il y avait à gagner de l’argent. Même pour les Européens, et en particulier pour les Français. Elle fut très surprise d’apprendre ce qu’était le salaire moyen en France. Elle l’imaginait autour de trois mille euros. 

Elle m’offrit de gentils cadeaux d’anniversaire et nous sortîmes. Dehors, elle se voila la face à nouveau. Entre sa coiffure en frange, ses larges lunettes noires et les feuilles de papier pliées, elle était invisible et incognito. Ce sont ses crevasses, bien sûr, qu’elle cherchait à protéger des rayons du soleil. Si elle voulait recouvrer le visage triomphant qui était le sien il y a peu, elle devait désormais fuir le jour et ne sortir qu’au clair de la lune.

L’image était poignante, d’une femme printanière et belle comme le jour, obligée de fuir la lumière.

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