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  • : Nankin en douce
  • : Des mini reportages sur la vie et les gens de la "capitale du sud". En marges de l'actualité brûlante pour faire découvrir une Chine tantôt drôle, tantôt poignante.
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27 juin 2005 1 27 /06 /juin /2005 00:00

La population est si policée que je perds l'habitude d'attacher mon vélo quand je fais une course rapide. On m'a pourtant volé plusieurs bécanes, dès mes premiers jours sur le territoire, mais à chaque fois, elles étaient attachées en bonne et due forme, alors pourquoi s'enquiquiner ? En revanche, quand je passe au Suguo, c'est le nom de la supérette du quartier, je laisse mon vélo tel quel, tout grand, neuf et superbe qu'il est, et je laisse dans le panier accroché au guidon les sacs et denrées que j'y transporte. Je me dis que personne n'aurait le toupet et la bassesse d'âme de toucher à mon aristocratique machine.

Un jour, des fonctionnaires de la police ou de je ne sais quelle administration en uniforme entrèrent dans la supérette en vitupérant. Ils montraient du doigt quelque chose hors du magasin, je savais que c'était mon vélo, ils étaient fâchés, vraiment, qu'un vélo reste libre de tout cadenas. Ce qui était pour moi un signe de paix, de tranquillité d'âme, de confiance dans le genre humain, était pour eux une insulte à leur profession, une tentative d'exaspérer les bas instincts des passants, un mépris des convenances locales. Je dis d'une voix calme et ferme que l'objet en question était mien. Dehors, d'autres fonctionnaires touchaient et désignaient les provisions rangées dans le panier. Le gars m'adressa la parole d'un air indigné, les femmes du magasin me défendirent en riant : une telle sottise ne pouvait être que le fait d'un laowai.

Tandis que les fonctionnaires s'éloignaient, les femmes rigolaient et sortaient sur le perron pour regarder mon vélo. Elles le couvaient d'un oeil maternel, ce mélange d'admiration pour un grand fils et d'amusement pour ce qui ne sera jamais qu'un enfant. Je me remis en selle devant une haie d'honneur de femmes qui me souriaient. L'une me fit le geste d'une clé qui tourne.

Je les remerciai et partis.

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