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  • : Nankin en douce
  • : Des mini reportages sur la vie et les gens de la "capitale du sud". En marges de l'actualité brûlante pour faire découvrir une Chine tantôt drôle, tantôt poignante.
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23 juillet 2005 6 23 /07 /juillet /2005 00:00

Tous les soirs, dans la vieille ville de Zhongdian, une danse tibétaine est organisée sur la Place centrale. Le premier à m'en avoir parlé est JB, un étudiant en ethnologie qui passe ses vacances ici.
Il a observé cette danse sous l'angle ethnologique, disant qu'elle n'était pas authentique, "c'est ça qui est intéressant", disait-il, l'oeil brillant. 
Ces danses sont bien traditionnelles, mais normalement (!) elles ne se font pas en public, sauf événements particuliers (mariage, naissance...) Le reste du temps, les Tibétains dansent chez eux, comme une forme d'exercice physique.
JB pense que les gens du village sont "encouragés" à le faire par on ne sait trop qui. Une sorte de Conseil municipal, n'en doutons pas. Il m'apprend que ces soirées dansantes sont toutes nouvelles,  qu'elles datent du mois de juillet 2005. Avant, c'est simple, la place etait en travaux, et avant les travaux, rien de tout cela n'était organisé, la ville n'etait pas encore vraiment touristique.


Je dis "la ville", par habitude, mais c'est un village, ou plutôt un bourg, avec une partie chinoise, commerciale, où l'on arrive en bus, avec la gare des bus et quelques hôtels, et une partie tibétaine que j'ai nommé plus haut "la vieille ville".

La musique est diffusée par un haut-parleur, et les gens dansent avec beaucoup de plaisir. D'autres gens regardent, avec plaisir aussi. Des vieux en chapeau, des vieilles en habit traditionnel, et des jeunes, les collégiennes que j'avais vues au temple, la veille, se mélangent avec facilité.
Au centre, un vieil homme ivre mime les pas de danse, les exagère, mi-moqueur, mi-donneur de rythme. Autour de lui, des gamins se chamaillent. Tout cela me paraît franchement gai et nullement forcé par les autorités. C'est plus proche d'une fête de village organisée par un comité des fêtes de la mairie et très appréciée par les locaux.
Les touristes chinois se régalent, ils se joignent au cercle et prennent des photos.

Au bout d'une heure cependant, la musique vous met dans un état d'hébétude, voire d'idiotie, qui n'est pas sans rappeler les états fièvreux dont j'ai deja parlé. Une transe, peut-être, qui est soulignée par l'accumulation des danseurs. La soirée commence avec un cercle, deux heures plus tard, ce ne sont même plus quelques cercles concentriques, mais une marée humaine qui tourne en rond.

Un vieux, arborant un chapeau panama, danse avec beaucoup de dignité. JB dit qu'il est là tous les soirs. Il est en effet présent dès les premières notes, et ne se départit jamais de sa dignité. On le croirait au temple.

Une adolescente aux cheveux longs, portant une paire de jeans pates d'eph., apporte une grâce extrême a cette ronde. Chaque geste est pesé et elle y met toute l'application et toute la sensualité que son jeune âge possède. Quand elle se baisse, elle fait penser à un héron, ou à un flamand rose. Elle transforme des pas un peu grossiers, que les vieux font pour se dérouiller, en jolis mouvements aériens. Très vite, elle m'obnubile, je ne vois qu'elle dans la foule. Elle est en représentation, comme en boîte de nuit. Je regrette de ne pas être moi-même ethnologue : j'irais l'interviewer aussi sec. Que peut bien se passer dans la tête d'une adolescente tibétaine qui danse devant ses parents, ses copains et des inconnus ? Quel genre de plaisir est-ce ?

J'irais interviewer le vieux au panama, aussi, ainsi que quelques dames en habit traditionnel. Ah! j'en ferais des choses, si j'étais ethnologue. Je passerais mon temps à parler avec les gens, à manger avec eux et à les regarder danser.

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commentaires

G
Oui ? Peut-être bien, Tibétain, même si je ne vois pas trop ce que vous voulez dire. Je profite de ce commentaire pour dire que j'ai des nouvelles du JB ethnologue que l'on rencontre dans ce billet. Il vient de terminer son master et son mémoire a porté sur les relations amoureuses parmi les jeunes gens de Pékin. Il a de la suite dans les idées, il ira loin.
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T
Belle vision de l'ethnologie, regarder les gens danser, et en faire des théories cadancées. la fille-héron pourrait devenir une figure de l'avenir des tibétains...
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