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  • : Nankin en douce
  • : Des mini reportages sur la vie et les gens de la "capitale du sud". En marges de l'actualité brûlante pour faire découvrir une Chine tantôt drôle, tantôt poignante.
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23 juillet 2005 6 23 /07 /juillet /2005 00:00

De Zhongdian a Chengdu, la route se fait en car, en trois jours minimum, en faisant etape a Daocheng et Kanding. Beaucoup d'etrangers s'arretent a Litang, le village le plus haut de Chine, a plus de 6000 metres d'altitude. Moi, j'ai prefere alle me promener dans la reserve naturelle de Yadin. On y accede depuis Daocheng, (apres avoir dormi a Daocheng, car le premier jour de car a dure 16 heures), avec un mini bus prive qu'on loue a plusieurs voyageurs.

La-haut, je me suis apercu que j'etais en territoire bouddhiste. Trois montagnes sacrees dont les Tibetains font le tour pour un pelerinage ascetique. J'etais en compagnie d'un couple de Hollandais et de deux Shanghaiennes qui n'avaient jamais marche en montagne et jamais dormi en pleine campagne, sans toilettes ni douches. Leurs chaussures de randonnee etaient neuves. Presque tous les Chinois vus ici sont dans le meme cas. Leur inexperience se lit sur leur accoutrement. Ils portent beaucoup trop de sacs, certains apportent meme leur autocuiseur pour se faire du riz. Tous leurs vetements respirent le magasin "outdoor", un bon nombre d'entre eux portent des bottes en plastique brillant, celles que nous portions, enfants, quand nous jouions dans le sable, les jours de pluie. Les Tibetains locaux profitent de ce nouveau tourisme pour proposer des chevaux. C'est un succes, assurement. Les femmes qui sont venues en chaussures a talons n'ont pas d'autres choix, et d'ailleurs n'etaient certainement pas venues dans l'idee de marcher. Bref, la randonnee en montagne est, dans ce pays, un concept tres nouveau.

Le premier jour, on marche jusqu'a un campement, a plus de 4000 metres d'altitude. Le lendemain, les Chinois prennent des photos et font je ne sais quoi. Moi, je pars a l'aube pour faire le tour des montagnes sacrees et rejoindre Yadin, puis, le soir, Daocheng. Journee eprouvante, onze heures de marche sans pause dejeuner, plusieurs cols a plus de 5000 metres d'altitude, le souffle court, la tete oppressee, le nez qui saigne finalement. Aucun Chinois ne se sera aventure sur ce chemin, seulement des familles de Tibetains qui, tous, des plus jeunes aux plus vieux, me depassaient allegrement, m'offraient  du tabac a priser dans les moments vraiment durs, otaient leurs chaussures pour marcher sur les cailloux, accrochaient leurs prieres en tissu dans les endroits  voulus.

Un vieux moine, en particulier, m'attendait quand il se reposait et m'enjoignait de m'asseoir. Il souriait. Il souffrait, lui aussi, mais il repartait et me mettait toujours cinquante metres dans la vue. (je dois dire a ma decharge que j'etais la seule personne chargee d'un sac a dos, lui-meme charge de toutes mes affaires d'un mois de voyage.) Souvent, des pierres etaient posees en tas, les pelerins en posaient une en passant, ou en deplacait une, frequemment. Parfois, ils en posaient, en equilibre, sur des arbres ou des rochers. La montagne est ainsi constellee de constructions en pierre,  des pierres relevees, des pierres en faisceaux, c'est tres mysterieux, comme s'il ne fallait pas laisser la nature a elle-meme. Des specialistes du bouddhisme tibetain doivent savoir de quoi il retourne. A un certain sommet, des chapeaux etaient poses par terre, puis de plus en plus de chapeaux, des casquettes, des bandeaux. Apres un certain sommet, plus personne n'a de couvre-chef, sauf moi qui me demandais si j'arriverais un jour a destination.

A la derniere descente, longue de plusieurs heures, je me suis assis, sous la pluie, comme un bonze, une boule de mouchoir dans le nez. C'est la que je me suis fait rejoindre par mes amis bataves qui etaient partis une heure et demi apres moi. Leurs affaires portees par un cheval conduit par une superbe Tibetaine, il m'avait rattrappe en ne faisant aucune pose non plus. Ils vomirent en silence, c'etait tres chouette. Ils ont decide de rester une nuit de plus, alors que je devais rentrer au plus vite. Je trouvai une voiture qui voulut bien me ramener a Daocheng, en fin d'apres-midi. Une famille charmante de Chongqin, qui me vit seul sur la route. Ces gens m'ont fait penser qu'en Chine, un aventurier pourrait facilement faire du stop pendant des mois sans aucun probleme.

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