La belle employée, celle qui expose des images érotiques dans son bureau à des fins euphorisantes, me demande : « A tes yeux, quel genre de bonbon je suis ? » Elle se lance dans un descriptif détaillé des bonbons chinois parmi lesquels je peux choisir. La tâche est sérieuse, elle sort de derrière les fagots un épais dictionnaire imagé avec des traductions en allemand, en anglais, en français et en chinois. Je n’attends pas la fin de l’explication, je lui dis qu’elle est une guimauve. Il n’y a pas de réponse correcte à ce test, certainement tiré d’un magazine féminin en ligne. Je dis guimauve car il me semble que les filles ne peuvent se sentir insultées d’être comparées à quelque chose de doux, de sucré, de moelleux, de mousseux et de couleur blanche ou rose. Je suis moins sûr de la réaction de ma belle employée si je choisissais le caramel, par exemple, ou le réglisse. Les autres sucreries dont elle parle sont compliquées à expliquer, « bonbon aux fruits mais durs et blancs, bonbons mous à l’intérieur mais au lait, pas aux fruits, etc. » et n’ont pas de connotation claire pour un Français. La guimauve, ça s’accorde parfaitement aux imageries romantiques des filles d’ici, à l’ambiance de leurs photos de mariage.
La belle employée vérifie sur son ordinateur ce que signifie mon choix : « Je suis une personne importante pour toi. » Dans le mille. Elle est, effectivement, importante pour moi, dans ma vie nakinoise.
Elle dit que son mari a choisi un bonbon qui signifiait qu’elle était une amoureuse à venir, ce qui augure bien de leur mariage. Un ami en a choisi un qui était signe d’amour et de sexe actuels. A la lumière de ses deux anecdotes, je me dis que j’aurais pu faire un meilleur choix.
Quelques jours plus tard, je lui demande ce que je suis, moi, comme bonbon, à ses yeux. Elle répond que je ne suis pas un bonbon, à ses yeux, rien qui ressemble à un bonbon. « Tu es un verre de vin rouge. » Ah ? Mais ce n’est pas dans le test, je suis exclu du test, disons-le tout de suite. Elle corrige : « Tu es un verre de vin rouge charmant. » Bon ce n’est pas mal, mais enfin, cela ne veut rien dire. Elle s’excuse mais répète que vraiment, je n’ai rien d’un bonbon, ce qui me confond en vexation.
Alors elle fait encore une rectification, les joues rouges : « Tu es un verre de vin rouge chaud, doux et charmant. » Je me prends à rougir, moi aussi. Faut-il préciser qu’il ne s’est jamais rien passé et qu’il ne se passera jamais rien entre la belle employée et moi ?